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Tricher sur Strava : Quand les apparences prennent le pas sur l'authenticité

Photo du rédacteur: Club de trail de BromontClub de trail de Bromont

Dans le monde du sport connecté, un phénomène surprenant a vu le jour : des personnes rémunèrent des coureurs pour parcourir des kilomètres à leur place afin d’améliorer artificiellement leurs statistiques sur Strava. Cette pratique, née en Indonésie et étendue jusqu'en Europe, soulève des questions profondes sur le sport, l'authenticité et notre époque hyperconnectée.

Le phénomène : courir pour les autres… et pour les apparences

Des athlètes, souvent en situation précaire, proposent leurs services contre rémunération pour afficher des performances factices sur Strava. En Indonésie, un coureur facture environ 0,86 $ CAD par kilomètre pour des allures rapides et 0,43 $ CAD pour des allures modérées. En Europe, certains coureurs vendent leurs kilomètres pour des montants allant jusqu'à 43 $ CAD.


Si l’Amérique du Nord n'a pas encore vu cette pratique émerger officiellement, le phénomène questionne universellement la place qu'occupent les apparences et l'authenticité dans nos sociétés numériques.


Une réflexion sur le sport, l'humain et notre époque


Une trahison du sens profond du dépassement

Courir, c'est d'abord un engagement personnel, une recherche de progression, de santé, de bien-être. Acheter des kilomètres, c'est trahir cette quête d'authenticité. Cela vide de son sens la valeur même de l'effort et du dépassement. Pourquoi afficher une performance qui n'a pas été vécue? Pour se mesurer à soi-même ou pour rivaliser avec une image construite sur les réseaux?

Le sport, en essence, est honnête. Il est le reflet brut de notre capacité, de notre force, de nos limites. En trichant, c'est ce miroir que l'on brise.


Le masque numérique, reflet de soi ou de ce que l'on veut être?

Cette pratique soulève une question lourde de sens : dans un monde de plus en plus connecté, notre valeur se mesure-t-elle à la réalité de ce que nous sommes, ou à l'image que nous projetons?

Sur les réseaux, la tentation est grande de se façonner un personnage qui plaît, qui impressionne. Ce qui est valorisé, ce sont les statistiques, les exploits, l'image soignée. Mais cette version de soi, qui existe sur les plateformes numériques, est-elle encore fidèle à la personne réelle, celle qui doute, qui lutte, qui avance parfois plus lentement?

Mentir aux autres est une chose, mais se mentir à soi-même est peut-être la plus grande trahison. En prétendant avoir couru des kilomètres qui n'ont pas été parcourus, on se prive de la satisfaction, pourtant essentielle, de l'effort accompli. On prétend avoir fait quelque chose de bon pour soi, sans l'avoir fait. C'est un leurre, une illusion qui nourrit un ego numérique au détriment du développement personnel.


La solitude du soi numérique et le cercle rapproché

Dans notre époque hyperconnectée, il est légitime de se demander : qui nous connaît réellement? Est-ce la personne derrière l'écran, qui voit nos publications, nos performances, nos réussites soigneusement mises en avant? Ou est-ce cette poignée de proches avec qui l'on partage des repas, des conversations intimes, des instants de vulnérabilité?

Le plus troublant, c'est que même ce cercle rapproché peut parfois être pris dans l'illusion. Prenons l'exemple d'une personne qui a un conjoint et qui achète des kilomètres pour améliorer son image sur Strava. Le conjoint est-il complice? Victime? Ou bien le mensonge s'étend-il aussi à cette sphère privée, si précieuse? Le poids de la fausse image devient alors un fardeau partagé.


Une forme de tricherie parmi d'autres

Acheter des kilomètres pour gonfler ses statistiques sur Strava, c'est une forme de tricherie numérique. Et si cette pratique surprend, elle s'inscrit dans une société où l'illusion et le paraître sont omniprésents. C'est le même genre de tricherie que de vivre au-dessus de ses moyens, d'afficher une image de réussite financière tout en croulant sous les dettes. C'est comparable à publier des photos en posture de yoga au bord d’un lac pour projeter une image zen et disciplinée, alors qu'on ne pratique jamais vraiment cette activité. Ou encore à utiliser des filtres qui modifient nos traits pour correspondre à des standards inaccessibles.

Dans tous ces cas, la quête d'approbation extérieure prend le dessus sur l'authenticité. Mais le mensonge, qu'il soit financier, social ou numérique, finit souvent par rattraper la personne. Et quand la vérité éclate – que ce soit lors d'une épreuve sportive, d'une difficulté financière, ou d'une confrontation avec la réalité – les conséquences se ressemblent : la honte, le jugement des autres, et parfois, le regard difficile qu'on pose sur soi-même.


L'authenticité du trail : un test qui ne ment pas

Mais dans le monde du trail, et en particulier au Club de trail de Bromont, faire semblant d'avoir couru ou d'avoir performé n'est pas une stratégie gagnante. Car dans les sentiers, le jour de la course, il n'y a plus de façade possible. On n'a que soi-même à qui se mesurer. Et c'est là que le test ultime se présente, le moment de vérité. Les jambes, le souffle, le mental : tout parle, tout se révèle. Et c'est souvent à ce moment-là qu'on se fait remettre à sa place, qu'on reçoit cette dose d'humilité propre à la pratique du trail.

Les coureurs de trail sont souvent des personnes authentiques, enracinées dans l'effort réel, conscientes de leurs limites et respectueuses du chemin parcouru. C'est aussi pour cela qu'il est difficile d'imaginer que ce phénomène puisse envahir notre communauté ici. Car dans les sentiers, l'effort est réel, brut, et sans triche possible. Et c'est sans doute là que réside la beauté de ce sport.


Une époque de contradictions

Ce phénomène des "kilomètres achetés" sur Strava est plus qu'une simple histoire de triche. C'est le reflet d'une époque où les apparences numériques prennent parfois le pas sur l'expérience réelle. Où l'image projetée peut l'emporter sur la vérité de l'effort. Où les illusions partagées sur les réseaux sociaux finissent parfois par se répercuter dans les relations les plus intimes.


Mais au final, quelle satisfaction trouve-t-on dans une victoire qui n'a pas été vécue? Peut-être est-ce le moment de se recentrer sur le sens premier de l'effort, sur l'accomplissement personnel, et sur l'authenticité des relations réelles. Car ce sont ces expériences-là, et non les images soigneusement construites, qui forgent notre véritable identité.

Et vous, qu'en pensez-vous? Cette quête de l'image numérique parfaite dénature-t-elle l'expérience humaine et sportive? Vos réflexions sont les bienvenues en commentaires.


Et vous, qu'en pensez-vous? Cette quête de l'image numérique parfaite dénature-t-elle l'expérience humaine et sportive? Vos réflexions sont les bienvenues en commentaires.


Sources et origine de la tendance

Le phénomène de "triche sur Strava" a été initialement observé en Indonésie, où des jeunes athlètes, souvent en situation précaire, ont proposé leurs services pour courir à la place d'autres utilisateurs.

La tendance s'est ensuite étendue en Europe, notamment au Royaume-Uni, où des personnes ont été signalées pour vendre des kilomètres parcourus à pied ou à vélo.

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